Le generative design, c’est quoi ?

Rencontre entre Claudia Illguth, Managing Director DRAGON ROUGE Hambourg et Patrik Hübner, designer interdisciplinaire. Patrik est un expert du generative design. Il utilise des « algorithmes créatifs » pour explorer des histoires neuves et pleines de sens à l’intersection du design, de l’art et des données.

P.H : Le generative design ouvre un nouveau chapitre passionnant dans le domaine du design appliqué. Il fusionne la narration, l’expérience et l’image de marque avec des algorithmes, des interactions humaines, des données, de l’intelligence artificielle et de la programmation. Ce mélange unique nous permet de construire des expériences de marque engageantes et des formes complètement nouvelles de design visuel.

P.H : Je pourrais répondre des heures à cette question car le generative design a un énorme potentiel d’innovation et de disruption, pour la marque, la communication, le design et l’engagement des utilisateurs.

Le generative design modifie le fonctionnement même du design : Imaginez un monde dans lequel vous ne concevez pas ce que vous connaissez déjà, mais où vous enseignez plutôt à l’ordinateur ce que vous voulez réellement accomplir. L’utilisation d’algorithmes dans le processus créatif apporte un nombre illimité de réponses à un brief. Mais cela ne s’arrête pas là: Imaginez, vous pourriez partager l’algorithme créatif que vous avez utilisé avec votre client, lui permettre de faire ses propres choix et d‘ainsi participer au processus créatif. Il s’agit d’une toute nouvelle façon de faire les choses dans laquelle le rôle du designer change. Il établit les règles, définit les objectifs et organise les résultats. Le designer co-crée avec l‘ordinateur d’une manière radicalement nouvelle.

Autre avantage, cela permet une augmentation sans précédent de la productivité et des réductions de coût d’échelle. Comme les algorithmes dupliquent les modèles créatifs, les résultats sont évolutifs et incroyablement rapides à produire. Cela permet des tirages par dizaines ou même centaines de milliers tout en restant dans l’univers de la marque, chaque exemplaire étant unique.

P.H : Indépendamment de toute technologie ou approche, le design intéresse toujours les gens. Tout design à le pouvoir d’influer sur les perceptions et les émotions de manière plus ou moins forte. Dans le domaine du generative design, le lien majeur vient du fait que nous pouvons présenter nos histoires aux gens dans un nouvel espace qui leur permet d’explorer, de jouer et d’interagir avec ces histoires. Cet espace peut être physique ou numérique, mais, dans les deux scénarios, les algorithmes – un terme fantaisiste pour désigner un ensemble de règles qui réagissent aux entrées et créent de nouvelles sorties – aident les gens à établir de nouveaux liens, durables, espérons-le, avec le contenu auquel ils sont exposés
Une fois que tu as eu l’occasion d’expérimenter, d’interagir, de changer et de façonner une histoire de façon novatrice, ludique et/ou amusante, tu es lié à elle de façon émotionnelle. Et ce sont ces émotions fortes et positives qui créent des moments mémorables, ce que nous souhaitons toujours pour notre marque.

P.H : En plus des avantages que j’ai déjà mentionnés, il y a tant de choses !
Le generative design utilise les données comme éléments moteurs pour presque tout. Cela mène à des discussions intéressantes et assez fondamentales concernant le processus créatif car, au fond, cela soulève la question de ce qui fait qu’une entreprise ou une marque fonctionne. Quelle en est l’essence ? Quelle donnée lui est fondamentalement liée ? Quelle donnée génère-t-elle? C’est l’un des aspects vraiment intéressant du generative design dans le domaine du design appliqué. Toutes ces données étant désormais disponibles au plus grand nombre, elles peuvent être re-composées et re-découvertes de manière très créative.

Avec les approches de generative design et de design axé sur les données, ce qui est vraiment génial, c’est que les utilisateurs nous en disent plus sur ce qu’ils veulent et sur leurs désirs tout simplement par la façon dont ils utilisent nos dessins et histoires interactifs. Cela peut mener à de meilleurs produits, à des marques plus attrayantes et à une meilleure compréhension des souhaits et des désirs de nos focus groupes.

P.H : Le potentiel est presque illimité. Mais, à titre d’exemples, voici deux de mes projets :
« Schwanensee » est un système d’identité visuelle dynamique qui utilise des données de capture de mouvement pour combiner des algorithmes visuels avec l’expression corporelle de danseurs. Il a été spécialement conçu pour aider les petits théâtres et institutions culturelles en leur fournissant un système utilisable sans aucune expertise design et avec un budget minimal pour créer de manière illimitée, des variations de design de marque à partir de leur navigateur web. Ce que j’aime le plus dans ce projet, c’est qu’en utilisant les vrais enregistrements de danse, l’essence même de Schwanensee émerge visuellement. Évidemment, le système peut facilement être adapté aux nouveaux enregistrements de danse.

« Wiki-Footwear » est une expérience de design produits, axée sur l’utilisateur et les données de manière très individualisée et que j’aimerais concrétiser un jour avec une grande marque. A partir de n’importe quel mot-clé ou phrase que vous tapez, il génère de manière illimitée des modèles 3D de basket. Vous pouvez immédiatement concevoir la basket de vos rêves en 3D dans votre navigateur web, la faire pivoter, zoomer… Tout cela se fait en combinant des images et des données de Wikipédia avec des algorithmes de generative design. Vous pouvez même présenter vos créations sur des affiches et des maquettes créées dynamiquement. Et si vous aimez vraiment votre basket, vous pourrez partager son design avec d’autres amateurs de basket dans la section galerie ou sur les réseaux sociaux.

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